mardi 15 septembre 2020

BASHEVIS MISUSING HIS MUSES


mercredi 12 juillet 2017

BASHEVIS MISUSING HIS MUSES

What can I say about this film The Muses of Bashevis Singer  as a translator? First that I have really appreciated the construction of the film by Asaf Galay, the film maker, who conducted his inquiry like an honest anthropological and psychological study of characters, in the style of some of Bashevis' stories. The film moved me and I discovered some of the underground streams that I was curious to see in full light to understand better the writer and the character. But we translators want to hear about translation, because translation is the ultimate transformation that is supposed to be faithful to an original. Even before I wrote a presentation to the translation of my father Moishe Rozenbaumas' memoirs, "fidelity and betrayal" was at the heart of a long time historical reflection inspired by the reaching of my late professor Pierre Vidal-Naquet. 

Can I say that we translators are fundamentally Litvaks, persnickety and rationalists

If we have a hint of mysticism in us, we better hide it in the depth of one of our most secret sins, maybe a footnote. That a great literary figure can reduce a profession and a craft, a honest parnose, un métier, a skill, to an opportunist function is maybe not total surprise, but a blatant expression of a lack of loyalty to something. If not to these women, to each woman in particular? Maybe to the translators union ? How much were they paid, Bashevis' translators? The question of loyalty is at the center of the film as it is at the center of Bashevis' character. He is the one who declares with much coquetry that he would like to ask god ... to rewrite one of the commandments, the one about adultery. His 
conception of human relationship was a more modernist and he put this conception in practice. I personally would beg for a commandment that institutes a salary of the translator and forbid any natural or emotional reward. 
Desire is supposedly the fuel of everything. So - guided with this secret commandment to come - he did use his muses or he did misuse his muses. It is not very clear to me that they were (the so-called muses) a source of inspiration for him, or if his own power of seduction was a sort of matrix of his writing. What I know is that as compelling as his stories are, and I have read some in Yiddish too, his vision of the Jewish people incorporates some sand into the salt and pepper that makes him such a fascinating writer. Some of the experts I spoke to (interview to come... for Radio yiddish pour tous ?) consider him as a genial imitator of the Russian literature that he knew very well. Of course, over the years, I have found myself among those who hold Hayim Grade, my Litvak miror, as the ultimate greatest author who would have deserved a prize for his Yiddish writings. Nevertheless, der tayvl is much more charming than der tsadik oder der nozir (the ermite). The tayvl is sexy and he as more than one trick in his saddlebag. Enough to read Bashevis' children stories as "Mazel & Shlimazel" to be convinced of his (the tayvl's) irresistible charm. 
But what I really learned was that I would not like to have a Bashevis kind of grand-father, the Magicien of Lublin type ... And it seems that I had one, including bearing the first name Isaac, the piercing blue eyes and having left a family behind him. 
The talent of IBS was undeniable, but its nature is not only literary. He understood early the mechanism of global fame and believed in his fate. 
The film hurts and it is a good sign, it moves something deeply. The women who translated, accompanied, reflected Bashevis' life and work are presented under a very fond light. They are clever, they are fun and spiritual, they are literary enthusiasts when not great experts. Sometimes they are experts and scholars. Bashevis' Hebrew translator who fascinated me absolutely refused to translate his work from the English supposed original (as he imposed to his translators in any other language) and firmly chose to go from the Yiddish text. yesher koyekh.
If there was a literary Nobel Prize (or Field medal as we are talking about adultery) for translation, the fond, angry, loyal, attaching collective (more than 40 according to film author Asaf Galay) that worked to produce the literary oeuvre under the baton of the master would certainly deserve it.

samedi 18 juillet 2020

VINKL LITÈ Au plus près de la vie

Au plus près de la vie

Je viens de réécouter L'Odyssée du Voleur de pommes pour la première fois depuis longtemps sur Radio Yiddish pour Tous. L'ensemble de l'enregistrement en yiddish de son manuscrit par Moishe Rozenbaumas est à présent conservé et archivé aux archives sonores du YIVO, et consultable sur demande auprès d'une conservatrice bien particulière, la petite-fille de l'auteur Eléonore Biezunski. Hormis l'émotion de retrouver la voix de papa – qui ne me quitte guère du reste – il y a toujours cette incroyable surprise d'entendre un homme qui voyait les choses venir, et était inspiré par cette Métis tant estimée par les Grecs anciens. Il savait qu'un enregistrement n'avait pas le même impact qu'un livre et avait deviné que l'archive sonore serait au plus près de la vie.
L'histoire linguistique de ma famille va à l'encontre de l'idée générale selon laquelle les femmes auraient été moins éduquées que les hommes et qu'elles auraient eu par conséquent accès au texte biblique et à la liturgie dans sa traduction en yiddish, le vaybtaytsh.Ma grand-mère Mere-Khaye a grandi dans le shtetl de Gorzd (Gargždai en liuanien) – un des premiers établissements juifs de Lituanie. Dans ce minuscule shtetl que Sholem Aleichem aurait qualifié d'“aussi large qu'un bâillement”, il existait un Club d'Esperanto qui est documenté par une photographie conservée au Washington's Holocaust Museum. Je n'avais pas connaissance de cette photographie lorsque j'ai jeté mon dévolu sur l'un des étudiants du Zummer Yiddish Program de Vilnius pour une interview figurant dans mon film [nemt]: une langue sans peuple pour un peuple sans langue. Mon héros de Biélorussie, Alexander Austraukh, explique que comparé à l'Esperanto qui est un “miracle mathématique”, le yiddish serait quant à lui “un miracle féminin”.Mere-Khaye, la mère de mon père, était connue comme une femme observante, priant en hébreu et l'écrivant probablement, capable de lire et de parler l'allemand (Gordz était à vol d'oiseau à quelques kilomètres de la frontière prussienne), conversant en lituanien avec ses voisins et, bien entendu, parlant et écrivant notre langue vernaculaire, le yiddish. J'ignore comment et où exactement elle a été scolarisée et éduquée, mais de toute évidence, sa culture n'était pas entièrement autodidacte. Elle est née autour de 1895. Je ne tiens pas ces faits seulement de mon père mais aussi de ma mère Rosa Portnoi qui se souvenait prier auprès d'elle dans la shul de Telz qu'elle fréquentait le Shabbes – les femmes allaient donc à la synagogue. Lorsque la famille eut quitté Gorzd quand la mère de mon père épousa mon grand-père Yitskhak Rozenbaum, et que la maison qu'ils partageaient avec une autre famille dans le hameau d'Endreyave eut été incendié, Mere-Khaye et Yitskhak s'installèrent à Telz, qui leur parut une localité d'une certaine importance et qui offrait quatre synagogues ou oratoires à sa population juive d'environ trois mille âmes, la moitié de la population totale de la bourgade.
Il semble que les langues aient été une disposition bien féminine dans ce vinkl Litè, ce coin du monde, parce que ma mère Rosa Portnoi était capable de parler sept langues. Fière étudiante du Telzer Gymnasium Yavne où la langue d'instruction était l'hébreu, elle communiquait couramment dans ce language (oui, Michèle, avec une obsession pour le dikduk) et en lituanien, cela allait de soi (avec toutes ses déclinaisons notoirement compliquée), elle se lamentait d'avoir manqué d'étudier l'anglais pour une raison que je trouvais curieuse, parce qu'elle avait appris le latin, disait-elle. Je devais découvrir beaucoup plus tard, dans les archives du lycée, à quel point cette information était exacte, puisque le latin avait remplacé l'anglais dans les matières enseignées par l'école précisément en 1931, deux années avant que ma mère soit admise au Gymnasium Yavne de Telz. Rosa apprit aussi assez d'allemand pour pouvoir converser, adopta le russe pendant et après la guerre par voie de soviétisation, et fit un effort systématique pour acquérir un français correct après notre immigration dans le pays en 1957. Et l'ai-je mentionné, une fois que j'ai commencé à l'étudier, elle ne m'a jamais laissé passé une erreur en yiddish sans m'interrompre pour me corriger ? La démonstration la plus épique de ses talents linguistiques se déroula lors de la visite d'un ami Italien, un mathématicien de Bari. Invité à la table de mes parents, il entendit maman réciter – elle avait une mémoire hors du commun – des vers en latin et s'exclama: “Mais c'est Catulle !” Comment ce poète érotique était-il arrivé dans la bouche de ma pieuse maman dans le très tsnyesdiker (tsnyes, les règles de la décence) Gymnasium Yavne ? Voilà bien un mystère que je ne suis jamais parvenue à éclaircir.
Notre climat multilingue heymish a été la raison pour laquelle je n'ai pas voulu établir un glossaire pour l'édition anglo-saxonne du livre de Moishe, The Odyssey of an Apple Thief. J'ai préféré inclure quelques notes de bas de page quand le contexte, une apposition ou un commentaire n'éclairaient pas suffisamment sur la signification d'une expression yiddish ou russe. Comme on le voit en lisant L'odyssée d'un voleur de pomme, l'intertextualité de nos plaisanteries multilingues et nos incessants commentaires sont l'étoffe colorée et chatoyante de ce livre comme elle a été celle de nos vies.
https://fr.radioking.com/radio/radio-yiddish-pour-tous/titresMerci encore Charles Yisroel Goldszlagier, Michel Grosman pour la voix des premiers enregistrements en français, Shura Lipovsky pour avoir autorisé d'emprunter son inoubliable interprétation de "Zing zhe mir dem nayem sher" en introduction et conclusion de chacun des épisodes. Et merci Moishe Rozenbaumas mon père d'avoir eu cette incroyable vision d'avenir et d'enregistrer tout ton manuscrit en yiddish en pensant à la postérité. Tes enfants, tes petits-enfants et tes arrières petits-enfants te remercient. Et tout les yiddishistes qui s'intéressent aux intonations des dialectes yiddish (Alec Elíeser Burko).


samedi 6 juin 2020

WHY BLACK LIVES MATTER FOR A TURQUOISE COW

Le pain encore, le pain métaphore de cette ère du Grand Tremblement de Temps. 7e épisode. BLACK LIVES MATTER
Permettez-moi de vous dire quelque chose. Les Juifs et les non-juifs qui entrèrent, il n'y a pas si longtemps que cela, dans la résistance contre le fascisme ne croyaient pas que le pouvoir en place – Oh, attendez une minutes je sors la tête à ma fenêtre pour applaudir les travailleurs nécessaires et crier "Black Lives Matter" – voilà, donc les résistants antifascistes de jadis ne se leurraient pas quand les autorités leur mentaient en prétendant "protéger" la propriété individuelle. Ils savaient reconnaitre les gouvernements dirigés par des voyous concernés par leurs seuls intérêts de domination et d'enrichissement.

Un confinement et un couvre-feu sont deux choses très différentes. Jusqu'à preuve du contraire le couvre-feu imposé par les gouverneurs et les maires n'a permit d'arrêter aucun pilleur, aucun casseur. En revanche, les forces policières déployées (dont on ne sait pas toujours de qui elles répondent et qu'on peut légitimement soupçonner d'être des milices privées ou des mercenaires) rabattent des groupes manifestant pacifiquement contre le gouvernement dans des nasses où il est plus facile de les brutaliser et les arrêter.

À 8 heures ce soir nous aurons à nouveau interdiction de sortir de nos maisons et de nos appartements, de nos rues et de nos quartiers. Nous hésiterons à commander une pizza pour ne pas mettre en danger les livreurs qui se font arrêter arbitrairement bien qu'ils fassent exception à la règle du couvre-feu (ils sont latinos ou... noirs). À 8 heures j'irai encore à ma fenêtre crier "I can't breathe", et "Black Lives Matter"et "Say their Names".

Parce que j'ai été éduquée pour considérer que TOUTE VIE COMPTE, BLACK LIVES MATTER représente une déclaration morale et humaniste majeure à laquelle je ne peux que souscrire. Et chaque mignon petit garçon noir (ils sont si mignons hein ?) avant de devenir une cible quand il sera jogueur ou birdwatcher (référence à un incident récent à Central Park), et chaque petite fille noire sait pertinemment en brandissant sa pancarte BLACK LIVE MATTERS que ALL LIVES MATTER. Il n'y a que les hypocrites et les peureux qui feignent de croire que ces deux phrases s'opposent.

Parce que j'ai été éduquée de façon à considérer que chaque vie humaine est précieuse et en raison de ce que mon éducation m'a appris sur la résistance morale et spirituelle, que ce soit de l'ordre du battement d'ailes des papillons ou du combat acharné et armé contre les forces déchaînées du racialisme des nazis qui ont déshumanisé mon peuple et l'ont condamné à la déréliction et à la mort.

J'ai aussi appris de mon père Moishe Rozenbaumas que l'esprit humain ne saurait être brisé ni dompté et que la résistance va se nicher dans les derniers recoins de l'âme que les bourreaux ne peuvent pas atteindre. C'est le message qu'il a voulu laisser dans ses mémoires, L'Odyssée d'un voleur de pommes à ses enfants, ses petits enfants et ses arrières petits-enfants. Il aurait pu abondamment décrire comment et par quels moyens il a dominé et il est venu à bout des ennemis rencontrés sur sa route pendant quatre années de guerre impitoyable contre les nazis dans une unité de reconnaissance. Croyez-vous vraiment qu'il n'a jamais tiré le premier pour sauver sa vie ? Il avait de quoi écrire des dizaines de pages.

C'est vrai, il a certainement usé de "techniques avancées" de défense pour sauver sa peau et son peuple. Mais ce n'est pas le message qu'il a désiré nous transmettre. Nous le voyons traîner sur son dos un camarade blessé à travers la ligne ennemie et sous le feu. Nous le voyons affamé et réduit en esclavage,  nous le voyons malade et blessé. Jamais victorieux. Même dans la victoire. Au contraire, il décrit avec pudeur, certes, ses pensés d'homme en situation d'humiliation, de mauvais traitements, martyrisé et torturé. Il décrit les larcins de nourriture à l'hôpital (il en a encore mauvaise conscience en écrivant) pour manger suffisamment afin de récupérer du typhus.

Avec un soin jaloux, peu de discours et beaucoup de discernement ce que Moishe nous transmet est un message de liberté intérieure et spirituelle commandée par le libre-arbitre auquel chaque être humain peut avoir recours jusqu'aux plus extrêmes limites de ce qu'il est capable d'endurer.

Bread again in the era of the Great Timequake. 7th episode
LET ME TELL YOU SOMETHING. Jews and non-jews who entered into resistance against fascism didn't think that the power of - one minute at 7 I am still applauding and shouting "Black lives matter" at my window - they didn't think that the violence of power was legitimate because the power lied about "protecting" property. They knew how to recognize government abducted by thugs for their own interest.
At 8:00 pm tonight we will be forbidden to go out from our houses and I will go back to my window and shout again (I was well trained in the 70's) that I can't breathe and that Black lives matter. Because I was educated to consider each human life as precious and because of spiritual resistance, be it in the form of the flapping of the butterfly wings that can "lead hungry bats right to their location" (quoting Reverso dictionary). I was also taught that the human mind cannot broken or subjugated if resisting. I learned that from Moishe Rozenbaumas my father. And he wrote it in his memoirs as a message to his children, his grand-children, and the children of his grand-children. He could have written how, as a reconnaissance officer he dominated upon the ennemies, controlled them and had to shoot first to survive.
Because it was true that he had to shoot first to survive. But it is not the message he passed on us. On the contrary, he always described his thoughts and feelings in situation of humiliation, of bad treatments, when martyrized and tormented. And he carefully passed on us the message of spiritual and interior freedom of libre-arbitre until the last limits of what a human being can endure.
For the brave children of beloved friends and beloved children of unknown friends, Sarah GordonEsther GottesmanEléonore BiezunskiSandra ChiritescuEnnys Er FoeterezIan PomerantzJesse NastaAndrew Ingall.

lundi 4 mai 2020

IN THE ERA OF THE BIG TIMEQUAKE. April 24, 12:30pm

Beginning a little weekly of probably failed attempts to plant from seeds and reusing fresh earth coming on organic lettuces or other vegetables delivered by Misfits. These weekly deliveries of organic unfit vegetables began thanks Barbara Kirshenblatt-Gimblett 's advise and Eléonore 's initiative. I have always loved planting and growing plants. I had a balcony in Paris (voice over imitating Meryl Streep : " I had a farm in Africa"). I don't have an outside space in Bay Ridge. Here you see me extract the seeds of a non organic strawberry with tweezers. It would be fun to document a pair of my dyspraxia doing the filling of the egg shell with the little quantity of earth grated from the lettuce roots... But it's a quandary to do my Jacques Tati thing and film myself in the same time. Having Nurith Aviv as a cameraman could help. As you may understand I'm desperate for growing plants, berries, citruses, herbs. I will go for almost any seed falling under my hand. Red peppers have so many seeds and I have a few ones, but very little fresh earth.
In fact it is not that much a practical exercise. It's why being dyspraxic is not an issue. It is a theurgical action of kavone. Yes, those who didn't read until this place will not be able to share the core of the idea. In this era of Timequake, where past and present reflect in the miror of our houses' remoteness each little practical act to feed and clean and organize life takes the dimension of a mitsve, is sacralized by the imperative of Life preserving. We live the same way we cook preserves or we bake bread or kukhn. We look for seeds to grow in an eggshell or a nutshell, we transplant the arborescence of trees into minuscule formates, as the Japanese taught us with the slow, sophisticated and beautiful art of cutting and growing and maintaining bonzais. And when we open Skype to learn from our grand-children, the levinassian face of the other somehow inverses itself creating for us and them the most sacred moment of teaching and learning through a media détourné and redirected toward an intention that was probably not involved in the technological tool it's inventors conceived. Who would guess - some around me did (mentioning my visionary friend Michel Grosman) - that grand-parents was a category soon to be eliminated by the market driven Assassins that have taken power here and there, together with the poor sent back to work in the full swing of a pandemic without protection. We have entered a new era of history which main feature may be the disruption of transmission. We Jews are maybe a little bit less threatened because of the strength of our traditions, religious and secular, but if we let the Hubrixes of the planet have the last word, we may be flooded by the Timequake.
This little text was conceived and written while preparing a vegetable soup.
Naomi Seidman, Michael Gottsegen, Joëlle Hansel, David Mazower, Vicki Brower, Roy Greenwald, Charles Yisroel, Rachel Biale, David Biale, .

lundi 6 avril 2020

A CHUNK OF CHEESE AFTER THE TIMEQUAKE

A Chunk of Mildewy Cheese after the Timequake


I almost never remember my dreams. My seven years plus two of psychoanalyze have relied on very few epic night dreams, a lot of minuscule fragments and my rich fantasy, colored and often disconnected with reality imagination. One might say very narrow underground passages to my sewers with heavy gates that close with a spectral metallic echo (oh, the image comes straight from a version of Les Misérables for the French Television I saw when I was around ten years old).

So this morning I woke up to an epic one that connects my mentors, my Yiddish and musical peeps, my family and the present cataclysmic situation.

We were a ballet company on tour in a country of Eastern or more precisely Central Europe. You know these places where Zev Feldman, Michael Alpert and sometimes Zisl have a lot of artistic attachements and friends and where they bring their productions and/or transpose  their creations. The ballet was led and choreographed by Abigail Ilan, the wife of my soulmate little cousin Yishai Ilan.
I see her showing us motions in front of a building like the ones hidden in the courts of Vilner Rudnicki Street. When I checked Rudnicki Street on the web, I first found that: YIVO building ….  : https://ingeveb.org/blog/vilner-yidishistn-in-their-natural-habitat#&gid=null&pid=2

So Eastern, Central, we are somewhere aheym, home.
After a while there is a shortage of food – you have to know that I am (also) the French translator of Peter Garnsey, Famine and Food Supply in the Graeco-Roman World. Responses to Risk and Crisis. One of us, the administrator of the company maybe, Barbara Kirshenblatt-Gimblett, manages to unearth a chunk of rotten, mildewy, somehow spoiled cheese, not really blue cheese, but more like a hard cheese that was going amok. It must have been a pretty big one. With this cheese she fed the company, insisting each dancer had enough every day to protect its immune system and stay strong enough to perform. And so we did under her firm guidance. Yes it was guidance and dance related, although the only dance mouvements that I saw were the ones of Abigail. But fermentation, nurturing, cultivation, transformation of food, by brewing and stirring, saltpetre and leavenous action were the physical and metaphoric subject of my dream.
A wonder that Trimalcion in person was absent of the next scene – now that I think about it, it pretty much resembled the reunion scene right after the earthquake, in the steam bath, of “Le Satyricon"  (that I may have seen a dozen of times in my post 68 youth. Here the Art Gallery) 

Except that, instead of sitting around the swimming pool, the little crowd of dancers were lying on individual beds cramped against each other (the beds) like in the children’s room when a bunch of grandchildren arrives for vacation and grand-parents have to accommodate all the gremlins. Almost everybody was sleeping, Rokhl Bas Cyprus that I recognized at her yoga outfit, Steven Weintraub, and quite awake and making funny faces Shane Baker, just after I have followed his Mina Bern evocation. That makes sense. 
Sleeping in the YIVO building under the nurturing surveillance of Barbara with a bunch of friendly colleagues and futures (I wrote uftuers) after the time quake makes me feel confident in the uftuers and the future. Yiddish will live, dance will guidance, paideia and learning and teaching will develop and we will continue to conjugue verbs.



jeudi 12 mars 2020

ESTHER DEVINT REINE ET ROSE GARDA SON SECRET

Comment Esther devint reine et comment Rose garda son secret


    J’ai habituellement beaucoup à dire – trop diront certains – à l’occasion des anniversaires de mes parents. Mais en méditant ce Pourim à la signification de cette fête, et bien je me retrouve non pas muette, mais avec une montagne de questions et d’idées qui prendraient beaucoup de temps à être déroulées comme un collier de Shnirele perele.
Purim occupe une étrange place dans le calendrier juif où elle semble émerger d’une autre civilisation (de plusieurs autres en fait, la perse et la grecque) et converger avec tous les carnavals de la planète. Si on ne conférait pas à Purim des sens allégoriques, mystiques ou même ésotériques, les anniversaires qui dans notre famille s’attachent à Taanit Ester pour Mic et Shushan Purim pour maman, relèveraient du folklore.
Rose debout à côté de son père Baruch Portnoi. 





    Pour les origines de la Megilat Esther, l’article de Wiki dit à peu près tout ce qu'il faut savoir. Une origine qui peut remonter au sillage de la destruction du Premier Temple et la première déportation des Juifs à Babylone, mais peut aussi être aussi plus récente et dater de la période hellénistique (même période que le texte de Daniel), mais ne peut pas être postérieure à la première traduction grecque qui date d’environ -70.

    Le roi pourrait être Xerxes Ier ou Ataxerxes, mais dans un cas ou dans l’autre, les sources perses ne concordent ni avec les événements ni avec les coutumes politiques ou même matrimoniales décrites dans le rouleau d’Esther. Nous sommes donc assez clairement devant un morceau de fiction, peut-être même l’ancêtre de la nouvelle ou du court roman, styles littéraires qui devaient bientôt se développer dans l’Egypte ptolémaïque à l’époque hellénistique.

    Dans ces conditions, la probabilité d’un roman à clé et donc d’une intention mystique et ésotérique du texte se consolide. Il est tentant, pour moi qui les ai à une époque étudiés, de faire des parallèles avec les récits qui associent Proserpine, la fille de Déméter, à Hadès (Pluton). Dans la mythologie grecque, Perséphone (en grec ancien Περσεφόνη / Persephónê, chez Homère et Pamphos d'Athènes Περσεφόνεια / Persephóneia) est une des principales divinités chthoniennes, fille de Zeus et de Déméter et aussi épouse d'Hadès. Elle est d'abord connue sous le simple nom de Coré (Κόρη / Kórê, « la jeune fille »), par opposition à Déméter, « la mère » (ἡ Μήτηρ / hê Mếtêr). Déesse du monde souterrain (les Enfers), elle est également associée au retour de la végétation lors du printemps, car chaque année elle revient six mois sur Terre puis six mois dans le royaume souterrain avec Hadès, notamment dans les mystères d'Éleusis. On remarquera le thème du changement de nom, Coré – tiens une jeune fille (Hadassa en Esther), le cycle des saisons et la coïncidence de ce mois d’Adar avec les profondeurs de l’hiver qui précède de peu la renaissance du printemps. Et enfin un culte mystique de Perséphone et de sa mère Déméter à Éleusis (c’était un peu Lourdes pour les Grecs anciens).

    Comme vous le savez… Je ne suis pas rabbin, mais depuis des années, je me suis exercée à scruter des images, des photos de jeunes filles, et ce qui frappe bien souvent sur ces photographies, celles notamment prises avant la guerre où la coutume était de dignifier la posture par une certaine gravité, c’est un air mystérieux qui plane sur ces beaux visages. Peu de photographies modernes montrent des jeunes filles qui présentent ces visages de princesses au seuil de leur entrée dans le monde, voire de déesses. Photos de classe ou portraits individuels, les photos de cette époque incarnent au mieux ce caractère caché de l’histoire et ici, de notre histoire.

    Il me semble que maman, dont nous avons la chance d’avoir des photographies depuis l’âge de dix ans – ce n est pas donné à tout le monde – ne s’est jamais départie de cet air de gravité énigmatique. Sur toute les photos que nous avons d'elle, cette expression de très légère absence, tel un voile, est palpable. Elle est là, mais elle est aussi dans un ailleurs qui nous est inaccessible. Ses traits qu'elle tient davantage de son père (avec une forte ressemblance avec son frère) changent peu au long de sa vie, ses coiffures bien sûr au fil des modes, son port de tête pas du tout, et son visage traverse le temps sans grande altération de son expression et de son être au monde. Comme toute femme qui a traversé bien des épreuves et vu des choses qu’elle aurait préféré ignorer, comme toute personne s’étant plusieurs fois arrachée à son ancrage pour sauver sa vie, sa famille, sa liberté, elle portait en elle bien des secrets. Sa plus grande victoire de Suse a été de nous préserver de ses pires cauchemars en laissant planer le mystère des ombres qui la hantaient. Rose garde son énigme et avec le temps, celle-ci s'épaissit forcément, quand bien même le monde d'où elle vient nous est mieux connu aujourd'hui qu'hier.
  
PS: Mon histoire alternative de Shushan Purim : C'est un roi un peu primaire mais qui a un grand sens politique qui fait d'Esther une reine. Attendez. Il ne va pas jusqu'à prendre la défense des Juifs de son royaume, le souverain, non, non, c'est un souverain qui veille à ne pas perdre sa base électorale. Au contraire, il met tout le monde à égalité en fournissant à TOUS – même les profs et les nourrissons – la possibilité de se défendre (les fabricants d'armes se frottent la bedaine). Il permet juste aux Juifs de se défendre le jour où il a été planifié de les assaillir... Ce qui permet d'admirer les qualités militaires des Juifs, après avoir été émerveillés par les qualités morales, spirituelles et érotiques de leurs femmes, qui sont toutes des reines Esther en puissance. Mais allez savoir si des femmes armées ne leur mettaient pas la pâté à Suse aux voyous de Aman .